Les fantasmes

Blog | Sophie Cohen psychologue Paris 5e

« Les soirs de vague à l’âme
Et de mélancolie
N’as-tu jamais en rêve
Au ciel d’un autre lit
Compté de nouvelles étoiles […]
N’aie crainte que le ciel
Ne t’en tienne rigueur
Il n’y a vraiment pas là
De quoi fouetter un cœur… »

Georges BRASSENS, « Pénélope »

Écouter la chanson

La Pénélope de Brassens peut continuer à rêver sans crainte : il est permis de fantasmer, pas de loi prévue à cet effet.

Pour Freud, le fantasme a une fonction aussi importante que la réalité : nous ne nous structurons pas uniquement en fonction de la réalité mais bien aussi à partir du fantasme. En lui attribuant une réalité propre – la réalité psychique –, Freud rompt avec une tradition philosophique qui plaçait jusqu’ici le fantasme du côté de l’illusoire. L’hypothèse de Freud est la suivante : la civilisation est fondée sur le renoncement à la satisfaction de pulsions agressives et libidinales (il est mal vu de supprimer son voisin ou de séduire la femme de celui-ci). Ce renoncement entraîne une satisfaction de substitut : le fantasme (je ne peux pas séduire la femme de mon voisin donc je mets en place des fantasmes à son endroit). Ce sont les désirs insatisfaits qui font les fantasmes…

Le fantasme est un scénario imaginaire qui figure l’accomplissement d’un désir. Désir qui ne fait pas de différence entre une satisfaction fantasmatique et une satisfaction réelle.

Freud prend l’exemple du nourrisson qui réclame à grands cris un sein/un biberon pouvant satisfaire son envie de téter. Si rien ne vient, il va reproduire des mouvements de succion : il imagine qu’il est en train de téter. Cette « expérience de satisfaction » chez le nourrisson est représentative, pour Freud, de notre fonctionnement psychique : en l’absence de satisfactions extérieures, des satisfactions de substitution sont créées.

Les fantasmes ont donc une réalité : la réalité de la satisfaction.

Plusieurs types de fantasmes

Il existe plusieurs types de fantasmes. Les « rêves diurnes » sont des fantasmes conscients, des scènes que le sujet se raconte à l’état de veille. Scénarios imaginaires où le sujet est toujours le principal protagoniste. Les fantasmes inconscients, quant à eux, sont liés à des désirs inconscients et constituent le point de départ du rêve. Qu’est-ce qui différencie le rêve du fantasme ? Dans le rêve, la réalité se trouve travestie pour devenir méconnaissable : c’est le résultat de la censure qui masque la réalisation d’un désir inconscient pour préserver le sommeil. Pour Freud, le rêve est le gardien du sommeil. « Le rêve est un enfant de la nuit qui avance masqué, car il est l’expression d’un désir inacceptable, rejeté par la censure », écrit le psychanalyste François Duparc.

Les fantasmes sont une source à laquelle vient s’abreuver l’imaginaire. De là découle la capacité de créer. Les fantasmes font le sel de la vie, mais ils ne la remplacent pas.