
Qu’est-ce que je veux vraiment ? Où se situe mon désir ? Pas facile de répondre, tant le désir ne se laisse pas attraper facilement.
Le désir fait vivre, il fait vibrer, il fait aimer ; il peut aussi inhiber, entraver, détruire.
« Il y a toujours, entre ce que je sais, ce que je veux et ce que je fais, une disproportion inexplicable et déconcertante », écrit Maurice Blondel. Le désir serait cet inexplicable.
Freud dit du rêve qu’il est un accomplissement déguisé du désir. Déguisé, incompréhensible et, parfois, effrayant. Comme ce patient dont le rêve se confond avec le réel, jusqu’à déclencher un état de panique qui le tétanise des jours durant. Le rêve serait un « message venu du désir en tant qu’inconscient » (la formule est de Laurie Laufer).
Parler de désir, c’est parler d’inconscient, de fantasmes ; la volonté se référant davantage au conscient.
Est-ce que je veux ce que je désire ?
Nos lapsus, nos actes manqués, nos rêves parlent de ce désir inconscient. D’où cette ambivalence, parfois : on peut vouloir et ne pas vouloir en même temps.
Cette jeune femme veut passionnément devenir comédienne ; elle se prépare une année entière à des concours… dont elle rate les dates d’inscription. Qu’est-ce qui se joue pour elle ? La mère rêvait de devenir chanteuse, c’est la fille qui est sur scène. Elle réalise le désir de sa mère, jusqu’à un certain point. Devenir la rivale de sa mère, prendre la lumière à sa place, c’est risquer de perdre son amour.
Derrière nos actes, derrière nos choix, il y a l’invisible de ce qui nous anime.
Est-ce que je suis libre de désirer ?
Selon Freud, vivre ensemble nécessite de restreindre la réalisation de ses désirs. Le refoulement, la censure, en entravant la liberté pulsionnelle, permettent l’accès à la civilisation.
La conscience transforme ce désir freiné en remords, en culpabilité. Parfois en autodestruction, lorsque l’agressivité se retourne contre le Moi.
Comment retrouver une part de vérité de ce désir réfréné ?
Lacan dira que le patient « suppose un savoir » à l’analyste sur son propre désir inconscient. Il lui fait confiance : c’est le transfert. Un lien qui vient du passé et se vit dans le présent.
Le transfert est un outil qui permet l’accès à un Moi débarrassé des faux-semblants. Les modalités construites pour se défendre de l’envahissement extérieur n’ont plus lieu d’être.
Le passé peut se réécrire, un intérieur se recréer, des désirs s’exprimer, être mis en acte.
À partir du lien transférentiel, le patient accède à son propre désir inconscient. Il s’approche d’une certaine forme de liberté. La liberté de désirer.